24. Sydney H. AUFRERE & Nathalie BOSSON

Guillaume Bonjour. Elementa linguae Copticae. Grammaire inédite du XVIIe siècle. Préface par Ariel Shisha-Halevy.

Volume de CIV-192 pages, format 210 x 297 mm, imprimé sur papier Planobook 120gm2 et relié pleine toile.

Préfacés par Ariel Shisha-Halevy, qui les replace dans l’historiographie de la grammaire copte, les Elementa linguae Copticae du Toulousain Guillaume Bonjour (1670-1714) représentent sans conteste un ouvrage majeur dans la genèse de cette discipline. Ils sont pourtant restés lettre morte jusqu’à ce jour, alors que le monde scientifique en connaissait l’existence dès le début du XVIIIe siècle. Linguiste brillant engagé dans la dynamique de la Contre-Réforme, le jeune augustin a assimilé les travaux antéreurs du jésuite Athanase Kircher (Prodomus, Rome, 1636) et initié une approche totalement nouvelle sur les plans grammatical et lexicographique. L’oeuvre surprenante, de 346 folios, qu’il élabore à l’âge de 28 ans, exploite un grand nombre de citations bibliques, tirées pour la plupart de manuscrits encore inédits des collections romaines, ce qui en accroît l’intérêt. Se référant à un modèle “classique” dans la tradition de la grammaire antique et rompant avec l’approche grammaticale médiévale typique des Scalae, auxquelles restait attaché Kircher dans sa Lingua Aegyptiaca restituta (Rome, 1643-1644), les Elementa représentent donc un nouveau seuil épistémologique, en anticipant sur s’esquisse desFundamenta linguae Copticae de Christian Blumberg (Leipzig, 1716) et, surtout, sur la parution, quatre-vingts ans plus tard, de la Grammatica Aegyptica de Christian Scholz, remaniée par Karol Woide (Oxford, 1778), avec laquelle il était convenu de faire débuter les études coptes modernes. Guillaume Bonjour, servi par d’extraordinaires facultés d’analyse et portant un soin extrême à la terminologie, établit, ni plus ni moins, le premier traité scientifique de la langue égptienne, prélude au déffrichement des hiéroglyphes.

La présente édition, qui sera ultérieurement suivie d’une traduction française, livre pour la première fois le texte d’un des ouvrages fondamentaux ayant trait à l’orientalisme et rédigés en latin entre le XVIIe et le XIXe siècle. La redécouverte de cette oeuvre pionnière s’inscrit dans le renouveau des études bohaïriques, impulsé par Ariel Shisha-Halevy. Cette publication rend donc justice à l’un des premiers inventeurs de la grammaire copte, qui livra au monde scientifique une approche-type magistrale, à laquelle on peut encore largement se référer de nos jours. Une importante introduction sur la vie et l’oeuvre de Bonjour (p. XV-C), fondée sur ses travaux publiés et sur la correspondance qu’il entretenait avec les érudits contemporains, et non des moindres – Claude Nicaise, Gisbert Cuper, Guillaume Leibniz, Job Ludolf – retrace l’étonnant parcours de ce savant et la nature des efforts qu’il a déployés, sous l’égide des cardinaux Jérôme Casanate et Henri Noris, pour mener cette recherche. Il s’affirme aujourd’hui comme le maître incontesté de la coptologie moderne, ayant appliqué les méthodes d’édition critiques aux études coptes, auxquelles il fut très tôt enlevé. En effet, envoyé par son Ordre vers le Céleste Empire en pleine “Querelle des rites”, une autre aventure l’attend. S’étant mis, comme d’autres savants jésuites, au service de l’empereur de Chine, il mourut de fièvres le 25 décembre 1714 à l’âge de 44 ans, alors qu’il effectuait une importante mission de relevé géographique.

Sydney H. Aufrère est égyptologue et directeur de recherche au CNRS. Nathalie Bosson enseigne la langue copte à l’Institut Catholique de Paris et à l’Ecole du Louvre.

Prix : 150 chf

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