6. A.-J. FESTUGIÈRE

Les Actes apocryphes de Jean et de Thomas

Traduction française et notes critiques, 1983, 124 pp.

On redécouvre, ou plutôt on «relit», de nos jours les Apocryphes dits du Nouveau Testament, parmi lesquels figurent en bonne place les légendes relatives aux Apôtres, trop longtemps méconnues des historiens des idées.

Écrites en marge des courants officiels, pour pallier la sobriété ou le silence des livres canoniques, ainsi que pour flatter l’imagination et nourrir la piété des simples fidèles, friands de ce genre de narrations, ces légendes n’en sont pas moins susceptibles de conserver d’anciennes traditions, qui s’étaient perdues avec la «catholicisation» de l’Église. Bannies comme dangereuses, malgré leur côté édifiant, par une autorité ecclésiastique ombrageuse, elles n’en reflètent pas moins, par bien des aspects, les mentalités et les tendances (encratique, gnostique) des milieux où elles sont nées, et, à ce titre, nous font mieux connaître les origines du Christianisme.

Encore faut-il faire la part de ce qui peut être considéré comme l’élément initial et de ce qui est venu «se broder» autour. S’il est des récits, en ligne générale tardifs ou tardivement remaniés, qui ne sont qu’un tissu de lieux communs de plus ou moins bon aloi, où le fabuleux frôle le grotesque, il en est par contre dont l’âge et l’origine recommandent la lecture: une fois dégagés de tout appareil stéréotypé, théâtral et romanesque, ils nous laissent entrevoir ce que pouvaient être les aspirations, les tensions, voire les «déviations» dans les primitives communautés chrétiennes.

A cette classe supérieure appartiennent les Actes de Jean et ceux de Thomas (fin IIe siècle ou début IIIe), qui comptent parmi les plus beaux et les plus intéressants. Rien qu’en considération des antiques prières et hymnes liturgiques qui les jalonnent, ils mériteraient qu’on leur fasse un sort.

Ayant travaillé à ces textes depuis de nombreuses années, le Père Festugière a mis dans cette nouvelle traduction, en français, son exceptionnel génie et son immense expérience de ce type de grec populaire et frotté de gnosticisme. — Qui, mieux que lui, eût été apte à présenter au public savant cette littérature apocryphe chrétienne, dont la langue et le style rédactionnels, faussement faciles, sont si délicats à manier? La célèbre édition critique de Lipsius-Bonnet, qui ne semble pas près d’être détrônée, assurait d’autre part un fondement solide au travail du traducteur et du philologue.

Prix : 150 chf

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